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Photo du rédacteurKarin

Un peu de poésie

Hier, vers midi, j’ai soudain vu repasser la cigogne devant mes fenêtres. Elle s’éloignait tranquillement au bout du hameau, vers la mine d’or. Lâchant tout ce que j’étais en train de faire avec un minimum de casse, je suis partie à sa recherche.


Afin de mieux la repérer, au cas où elle se serait perchée sur un arbre de la forêt en contrebas, j’ai décidé de me rendre dans le champ de ce que nous appelons la « maison rose ». J’ai donc fait le mur, mais on ne m’en voudra pas, les propriétaires sont des petits cousins. 😅

Soudain, le temps s’est arrêté et j’en ai presque oublié mon échassier. Je me trouvais dans un jardin luxuriant rempli de fleurs, de chants d’oiseaux, de bruissement de feuilles. Je me suis dit que la cigogne pouvait attendre un moment. J’ai poursuivi mon exploration aux abords de cette demeure où le temps s’était suspendu dans un autre vol.



1949 - La maison n'est pas encore rose.




Parfois, c’était mélancolique.




Mais au fur et à mesure que je m’aventurais dans le jardin, je me sentais gagnée par un sentiment de douceur et de sérénité. Par quelque chose de jubilatoire, aussi. Je découvrais un petit paradis caché.





Une fois sortie de la brousse, je gagnais le champ où je comptais initialement me rendre. Assise dans la vigne, je contemplais la vallée. Rien ne bougeait.





Comme il semblait n’y avoir aucun mouvement non plus vers les quelques petites maisons au-dessus de la mine d’or, j’ai repris mes déambulations dans cette direction. L’une de ces bâtisses appartenait à une branche de notre famille, il y a bien longtemps. L'un de mes arrière-grands-oncles l'avait construite de ses mains, brique par brique.



1949


Il existait aussi, à une époque plus proche, un sentier pédestre qui nous permettait de faire une boucle lorsque nous partions nous promener. Nous passions ainsi devant une autre entrée de la mine. Et quand on est petit (et même un poil plus grand) c’est trop de la balle parce que c’est un peu glauque et ça fait peur.


Même pas vrai !

Il y a quelques années, avec mon père, nous avions appris de manière un peu brutale et non dénuée d’aboiements (humains) que le sentier n’était plus pédestre, que maintenant cet endroit était privé et qu’il était ganz verboten de passer par là. Cette mésaventure m’avait un peu refroidie et depuis, en me promenant aux abords du domaine, sur le chemin encore autorisé, j’osais à peine y jeter un oeil de crainte de voir surgir un cerbère.


Et pas seulement les chevaux, mon neveu ! Bon, sur l'un des panneaux figurent au moins deux langues nationales. Il ne manque donc que l'anglais. 😉


Aujourd’hui, les maisons semblent fermées. Pas de voiture. D’après ce que nous savons, le Tessin a déjà pris des mesures un peu plus sèches que les gentilles recommandations d’Alain Berset. La police surveille les plaques d’immatriculations. À quelques cons fédérés qui avaient déjà pris les devants sur les bouchons du Gothard, peut-être leur a-t-on poliment demandé de retourner chez eux voir s’ils y étaient ? À moins qu'ils ne l'aient compris tout seuls, ça peut arriver.

Alors, je vais me gêner, tiens. Surtout que j’ai promis des photographies à ma petite cousine. Ici, pas besoin de faire le mur et il n’y a pas encore de haie de thuyas. Et seulement deux silhouettes étranges et immobiles qui surveillent ma progression. Il faut reconnaître que c’est joli et bien entretenu. Tip top propre en ordre.


Sonia, la petite maison jaune-blanche adossée à la colline, c'est pour toi 😘




Il y a même un palmier aux soins intensifs, ce qui m'a fait sourire. Je ne suis déjà pas certaine que le système choisi soit efficace. De plus, le palmier, ici, pousse comme de la mauvaise herbe, on en a plein les forêts.















Soudain, alors que je rêvasse devant la cabane dans l’arbre, un puissant volatile décolle à quelques mètres. Je l’avais presque oubliée, elle était donc là !




Je cours aussi vite que me le permettent les premières chaussures que j’avais trouvées et enfilées à la hâte. Sur le parking, je croise ma voisine et la salue en vitesse. Maintenant, elle me prend vraiment pour une folle si ce n’était déjà fait. La cigogne s’est posée sur un bouleau derrière notre maison. Didier se tient déjà prêt à la fenêtre de la salle de bains avec un vrai appareil de photo.

C’est un peu méchant, me direz vous. Pour la deuxième fois, je la dérange en m’approchant. Mais il le fallait afin que nous la capturions en vol. Je crois qu’elle est retournée vers la cabane. Je l’y laisserai tranquille. Il est 14h et je réalise que je n’ai pas encore mangé.



Puis le Grand a lâché ce qui servait de support à son appareil photo.



Décidément, on n'en sort pas.

Ce matin, la cigogne ne m’en voulait apparemment pas. Elle est revenue se déhancher tranquillement à côté des peupliers.





L’envers du décor, je vous le livre tout de même.

Je viens d’apprendre de sources sûres, l’une du hameau et l’autre de Pully 😉, qu’il s’agit d’un héron cendré.


Qu’importe! Avec nos voisins qui attendent une petite fille pour juin, nous avons décidé que Carla resterait notre cigogne à nous. Et que c'est bien plus poétique.



Si vous voulez en savoir un peu plus sur la mine d'or de Sessa, c'est à lire sur un vieux post qui se nomme Sauvage.


















Photos d'archives familiales gracieusement mises à disposition par Luciano.







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