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Photo du rédacteurKarin

Tournée des villas

Ou plus précisément de leurs jardins car ces villas ne se visitent pas.

Aujourd’hui, nous partons dans mon cher Varesotto pour une petite virée dont les étapes se feront principalement en voiture afin de préserver les chevilles de mon comparse.

Nous commençons par visiter les jardins de la Villa Tatti Tallacchini à Comerio. La demeure a été construite au début des années 1700 par l’avocat Benedetto Tatti. Suivant le terrain escarpé, le jardin à l’italienne est divisé en escaliers avec pièces d’eau, niches et statues. A la fin du XIXe, la propriété est passée aux mains de la famille Tallacchini qui enrichit encore le parc et y inclut un kiosque à musique. Au cours de ses 300 ans d’existence, la villa a accueilli quelques hôtes italiens de prestige, dont Giuseppe Verdi. Dans les années quatre-vingts, la villa et la partie supérieure des jardins ont été transformés en résidence de luxe. La commune de Comerio a racheté le parc afin de le rendre public après un gros travail de restauration, les lieux étant restés à l’abandon pendant de nombreuses années.




À quelques kilomètres, dans la banlieue chic et art déco de Varese se trouve la Villa Toeplitz et ses magnifiques jardins. La villa a été construite en 1901 comme maison de campagne d’une famille allemande mais elle doit son nom à ses plus importants propriétaires qui l’ont rachetée en 1914. Giuseppe (Josef) Toeplitz est un riche banquier d’origine polonaise. Edvige, sa seconde femme, devient la principale décoratrice de la maison et la créatrice des extérieurs pour lesquels elle s’inspire de ses voyages en Orient. La conception ambitieuse du parc qui couvrait alors 8 hectares est un véritable travail d’ingénierie hydraulique pour canaliser l’eau de Monte Martica. Mosaïques, porphyre et marbre gris de Carrare ornent les fontaines, jeux d’eau et ruisseaux qui s’écoulent dans la propriété jusqu’au bassin en contre-bas. Edvige a également fait planter de nombreuses essences dont certaines exotiques qui se disséminent dans le parc.


À l’intérieur de la villa, le couple, profondément religieux, a décidé de construire une chapelle. Ils ont fait venir un architecte et un peintre polonais pour réaliser les fresques. Pour tout vous dire, je n'ai pas bien compris si l'on parlait de deux chapelles: une à l'intérieur de la bâtisse et une autre que nous avons vue dans le parc. Ou s'il ne s'agit que de celle extérieure. En tout cas, cette dernière, bien que très particulière, n'est ornée d'aucune fresque mais est dotée des fanfreluches inhérentes aux petits sanctuaires très courants dans la région.

Edvige s’intéressant à l’astronomie, elle a fait rehausser la tour panoramique et y construire un petit observatoire parfaitement équipé supervisé par un astronome de Milan. Les intérieurs étaient caractérisés par des escaliers en marbre, des parquets dans les chambres, des sols en céramique dans les pièces de service, des portes en bois peint et des plafonds à caissons décorés. Seule la salle de réception du rez-de-chaussée est restée intacte. Le bâtiment abrite aujourd’hui les bureaux de l’université d’Insubria.




À quelques mètres de la maison de maître se trouve la villa résidentielle, construite dans un mélange de briques et d’éléments décoratifs typiques du début du siècle dernier, et destinée à accueillir les nombreux hôtes du couple. L’endroit est bordé d’un terrain de boules encore utilisé de nos jours et d’un ancien chenil en ruines. Plus loin, on trouve un petit kiosque et des terrains de tennis entourés par des cyprès à qui on a donné des formes étranges. A l’intérieur de la villa résidentielle se trouve aujourd’hui le musée Castiglione, une collection ethno-archéologique.


Après la mort de Giuseppe Toeplitz, les héritiers ne vont pas tarder à vendre la villa et dès 1945 un lent mais inexorable déclin s’amorce, en partie dû à la diminution du personnel d'entretien, qui aux périodes fastes se montait à 15 personnes. La propriété appartient à la commune de Varese depuis 1972. Dans un premier temps, on l’a laissée se dégrader encore, avant de réaménager quelques peu les jardins pour les ouvrir au public. Ils sont restés très semblables à ce qu'ils étaient du temps d'Edvige, leur surface ne couvrant par contre plus que 4 hectares.

Ce parc est considéré comme l’un des dix plus beaux d’Europe mais comme nous l’explique la seule personne qui le visite avec nous, et ainsi que vont le confirmer mes lectures, il est méconnu. Depuis le belvédère, on aperçoit en cette journée très claire les premiers gratte-ciel de Milan.




Reprenant la voiture, nous nous garons maintenant à quelques kilomètres plus au nord, via Giuseppe Bolchini dans le quartier de Masnago. De là, nous nous rendons dans un premier temps à la villa Baragiola, résidence construite au début du XIXe par un avocat tessinois. L’édifice principal, certes refait à grands renforts de bétonnage et où l'on peut visiter le Musée Tactile, ne me parle absolument pas. D’ailleurs nous n’en avons pas fait de photographies. Contrairement à son annexe…


Le parc est parsemé de sculptures et de constructions étonnantes: une grotte en faux bois pour la Sainte Vierge, une tour moyenâgeuse et une datcha de style hongrois abritant aujourd’hui des bureaux techniques. Autrefois, il s’étendait beaucoup plus au nord, englobant un hippodrome liberty et un petit lac où l’on pouvait canoter. Tout ceci a été avalé par une zone industrielle.


Revenant à pieds en arrière pour une dizaine de minutes, nous atteignons le château de Masnago dont le parc est du coup moins intéressant, nous devenons blasés. Cet édifice est une fortification médiévale ayant ses origines au XIIe siècle, transformée en villa par la famille Castiglioni au XVe siècle. La propriété appartient à la commune de Varese depuis 1981 et on peut y visiter le Musée d’Art moderne et contemporain dont les oeuvres sont habilement disposées dans les salles comme en réponse aux superbes fresques. Celles-ci ont été découvertes lors de restaurations en 1937 et constituent l’un des plus importants cycle de peinture gothique profane du XVe. Leur auteur en reste cependant inconnu. Je suis moins fan des toiles contemporaines aux couleurs criardes dans lesquelles Van Gogh côtoie un certain nombre de fesses molles. Parmi les oeuvres du premier étage, je reconnaitrai la sculpture de Paul VI de Bodini qui m'impressionne tant au Sacro Monte et la Maternità de Bozzolo à Caslano.




Dans l’autre aile du château, en plus des superbes plafonds, on pourra admirer une exposition sur le design japonais, à laquelle nous sommes restés assez insensibles après les merveilles que nous venions de voir. Pour l’apprécier, il faut certainement prendre le temps de regarder le film explicatif à l’entrée mais nous commencions à fatiguer.


Reprenant notre véhicule, nous ferons encore un crochet par les hauts de Induno Olona afin de voir cette curieuse agglomération repérée par satellite…



Le château, immense, est une propriété privée où il semble y avoir des activités agricoles. Probablement construit au début du Moyen Âge, peut-être par les Lombards comme forteresse pour contrôler l'accès à la Valganna et au Valceresio, il n'existe cependant des informations documentées qu'à partir de 1160. Il a bien sûr connu de multiples transformations au cours des siècles. L’édifice se visitait un jour par mois et comprenait un musée, mais nous n’avons rien trouvé qui confirme la validité de ces informations. Cependant, en cette fin d’après-midi, nous ne nous serions pas forcément collé une visite de plus. La vue sur cet impressionnant bâtiment, bordé par un hameau aux façades en trompe-l’œil surprenantes en pleine campagne, nous suffira amplement.






Informations techniques:

Nous n'avons pas tout à fait suivi cet ordre-là mais tout dépend des heures et des musées que l'on choisit de visiter. (Horaires et jours d'ouverture très variés.)

  • À Comerio, parking gratuit via Stazione, vers les bâtiments communaux. Traverser à pieds le village par cette même rue, dépasser la place et tourner à gauche sur via al Lago. Descendre en pente raide le long d'un mur qui délimite la propriété de la Villa Tatti Tallacchini (A).

  • En 10 minutes et 5,4 km, on rejoint Masnago où l'on peut se garer le long de la via Giuseppe Bolchini pour visiter le parc de la Villa Baragiola (B) et le château de Masnago(C).

  • En 7 minutes et 3 km, on trouve le parking gratuit pour la Villa Toeplitz (D), via Mulini Grassi, à côté du cimetière.

  • 9 minutes et 4,3 km plus tard, à la hauteur du numéro 16 de la via Crivelli dans la localité de Frascarelo, on pourra admirer le château. (E)

Sources principales:

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