C’est une belle région que nous allons découvrir aujourd’hui au bord du lac d’Orta, le plus petit d’Italie du nord, séparé du lac Majeur par une seule chaîne de montagnes. Notre visite débute par le Sacro Monte, situé comme il se doit sur une colline. Inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO comme ses huit cousins Monts Sacrés d’Italie, celui d’Orta se démarque des autres car il ne raconte pas la vie de Jésus ou de la Vierge, mais celle de Saint-François d’Assises.
L’ensemble fut réalisé à partir de la fin du XVIe et la construction des vingt chapelles dura plus d’un siècle et connut divers styles architecturaux: fin Renaissance, baroque et rococo. Un vingt-et-unième édifice pourtant nommé Chapelle Nouvelle n'a jamais été terminé, la dispersion des ordres religieux décrétée par Napoléon à la fin du XVIIIe mettant fin aux chantiers du lieu saint. Contrairement au Sacro Monte de Varese dont la visite des chapelles se mérite en une longue ascension, semblable à un chemin de croix, l’itinéraire est conçu en spirale et s’effectue en un minimum de dénivelé. Il se termine à l’Église Saint-Nicolas et son promontoire d’où l’on a une vue plongeante sur l’île San Giulio. Ça fait beaucoup de saints pour une seule journée.
Bien qu’indécrottable païenne, j’ai toujours été attirée par la beauté et le mystère de ces Sacri Monti et celui-ci ne m’a pas déçue. On peut entrer dans certaines chapelles et admirer ainsi, mieux qu’à Varese, les statues en terre cuite, les fresques et les trompe-l’oeil, le tout exécuté par des artistes prestigieux de l’époque. Le site a été très bien préservé, il est entretenu avec soin mais l’intervention de quelques abrutis n’a pas pu être évitée. Parce que gribouiller son matricule et la date de son exploit sur une peinture du XVIIe, c’est plus rigolo et plus facile que sur les arbres.
Nous franchirons l’Arche d’entrée pour descendre à pieds dans la ville d’Orta. Quelques pas agréables avec une vue à couper le souffle sur le lac, l’île et les ruelles ancestrales qui convergent sur la place du marché. Le bourg de quelque mille habitants fait partie des plus beaux d’Italie. C’est aussi la principale destination touristique de la région. La foule bigarrée que nous y trouverons en cette fin août à la météo instable laisse entrevoir à quoi il peut ressembler en pleine saison. Toutefois, il nous sera possible de trouver une dernière place à un café et de déambuler dans les ruelles sans se sentir trop oppressés. Mais pour les photos sans Janine ou Helmut, c’est un peu plus compliqué. Sans compter le nombre de clichés sur lesquels nous devons nous-mêmes figurer.
Il est écrit: Photographie de la statue volée le 21.08.1986
Une navette nous amène sur l’ìle San Giulio où l’intervalle de 15 minutes entre deux courses nous laissera amplement le temps d’en effectuer la boucle laissée aux visiteurs. Le lieu est principalement occupé d’édifices à vocation religieuse, d’un palais épiscopal et d’anciennes maisons de chanoines maintenant propriétés privées. Le monastère, construit sur les ruines d’un ancien château, abrite aujourd’hui une congrégation bénédictine. Il s’y effectue d’importantes recherches et traductions de textes anciens.
La légende veut que Saint-Jules est arrivé sur les bords du lac d’Orta au IVe siècle mais que personne n’a voulu le conduire sur l’île car les autochtones la croyaient habitée de serpents monstrueux et d’un dragon. Jules a donc dû se débrouiller comme un grand garçon. Il a jeté son manteau sur la surface du lac, y est monté et à l’aide de son bâton a ramé jusqu’à son but pour y chasser toutes les bêtes maléfiques. Dans la crypte de la basilique, on peut voir les reliques du Saint exposées dans une châsse en argent et cristal. Miam! Outre la basilique, nous ferons un petit circuit dans la ruelle du Silence et de la Contemplation ponctuée de panneaux avec des phrases philosophiques à la Paulo Coelho. J’imagine que le but n’est pas de nous en faire rédiger une dissertation de 4 pages mais qu’à un certain moment, les résidents ont dû en avoir ras la tonsure ou la cornette des hordes de touristes polyglottes.
Une fois revenus sur la terre ferme, nous terminerons notre circuit touristique en sortant du centre tout en longeant le lac. Le quartier historique laisse maintenant place à des villas plus ou moins entretenues et éclectiques, ainsi qu’à une résidence touristique qui ne sera jamais terminée. Nous bouclons la boucle au pied de l’incroyable Villa Crespi, d’inspiration néomauresque, construite vers 1879 par un riche entrepreneur textile et transformée en hôtel de luxe.
D'autres Sacri Monti dans
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Sacro Monte bis (Varese)
Le Sacro Monte di Ossuccio dans Au bord du lac de Côme
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Données "techniques"
Parking: sur via Panoramica (vers la Villa Crespi) ou sur la via Sacro Monte.
Toute la visite peut se faire à pieds. (environ 7 km)
Une fois le Sacro Monte visité, descendre en ville sur la via Gemelli.
Pour revenir au parking, prendre au sud la via Giovanetti, puis la via Giuseppe Fava.
Sources:
Sacri Monti del Piemonte e della Lombardia: Sacro Monte di Orta
Lac Majeur, Lac d'Orta: Isola San Giulio
Brochure touristique et notre ami Wikipedia
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