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Photo du rédacteurKarin

Montecatini Terme

Nous arrivons à Montecatini Terme en fin d’après-midi. Nous approchant du centre d’abord en voiture, nous constatons rapidement que la ville semble aussi moche que très fréquentée.

Après nous être garés, nous atteignons une place moche avec une église moderne moche et plein, plein de monde. Des familles qui mangent des glaces et flânent, des ados bruyants, des touristes qui débarquent par cars entiers. Et là, nous apercevons aussi les premiers établissements de luxe, fermés, et plutôt décatis. À l’entrée d’une magnifique pinède turbine une grande roue qui n’intéresse personne.



Mais où sommes-nous?

Si cette ville toscane a elle aussi une importante empreinte historique, elle est surtout connue pour ses bains et elle est classée au patrimoine mondial de l’UNESCO.

Autour de 1540, les premiers thermes sont édifiés pour recevoir les eaux de source déjà connues dans la région. Après une longue période de conflits divers et variés, les activités balnéaires ont repris à la fin du XVIIIe siècle avec la construction de plusieurs édifices que nous pouvons encore « admirer ». En effet, la plupart sont fermés, à l’abandon, et en déambulant dans le parc des thermes et ses imposants pins parasols, nous constatons, connaisseurs que nous sommes, que nous nous trouvons devant un gigantesque urbex. Mais ici, l’urbex est payant. Les Terme Tettuccio se visitent pour 6 Euros et à certaines heures strictes. Lorsque nous y sommes passés, seuls entraient les VIP d’une soirée privée. Certainement très loin des rave-party se déroulant dans les divers lieux que nous avons arpentés. Quoi que…



Les Terme Excelsior, prolongés par un horrible pou architectural plus contemporain, sont "fermés temporairement".


Les Terme Tamarici (tamaris) du nom de la plante découverte près de leur source, sont apparemment un joyau de style Liberty. Leur fonction actuelle est plutôt vague, il semble y avoir un café à l’intérieur, mais aucune affiche pour nous informer sur le cours actuel du verre d'eau.




L’établissement des Terme Torretta (petite tour) était l’un des plus fameux de la région. L’édifice du XIXe a été construit sous la forme d’un château médiéval puis modifié au début du siècle suivant. Si son intérieur semble renfermer une grande richesse artistique, son parc immense se dote d’un petit lac, de plantes rares, de tours en ruines, de grottes et de souterrains. Une fois encore, que ce soit sur place ou sur le net, on ne sait pas ce qui est prévu pour cette pièce de musée.


Quant aux thermes Leopoldine, construits en 1775, il s’agit d’un trou béant à l’est du parc, un chantier à l’arrêt depuis 2011 à cause d’un projet irréalisable pour lequel il faudrait encore 38 millions d’euros. Un article de 2014 cite un groupe d'activistes locaux qui se battent contre le fait que banquiers, politiciens et spéculateurs privatisent, bradent et finalement détruisent le patrimoine de leur ville. Je ne pense pas me tromper en suggérant que rien ne s'est arrangé depuis.



Mais revenons aux folles années du début XXe où l’offre touristique se diversifie et se perfectionne. L’architecture prend un tournant avec l’apparition de l’Art nouveau. Des établissements à la mode font leur apparition, comme des théâtres, des boîtes de nuit, un casino et des célébrités commencent à fréquenter la ville. Montecatini devient un véritable point de rencontre de renommée internationale où l’on discute de politique et où l’on conclut des affaires. C’est une des stations thermales les plus fréquentées d’Italie.

D’ailleurs, un parcours ponctué par plus de 200 plaques de bronze, les Passi di Gloria, retrace la visite à Montecatini des personnalités les plus marquantes: Marie Curie, Giuseppe Verdi, Audrey Hepburn, Sofia Loren, Gary Cooper, Coco Chanel, Totò… Nous n’y avons pas fait attention, trop abasourdis par cette foule bigarrée et cet endroit bizarre où un flou artistique est entretenu autour des bâtiments d’époque et leur fonction actuelle. Sur un banc, Puccini nous jauge avec un air aussi suffisant que certaines des rombières qui peuvent encore se permettre d’entrer dans quelques boutiques de luxe survivantes. Cela contraste avec les hordes de jeunes fêtards qui se hèlent en langues plutôt exotiques et les cadavres de bouteilles sur les seuils de résidences délaissées.


Non loin de notre hôtel, nous verrons encore un énorme complexe de soins tombant en ruine, à travers les fenêtres duquel on aperçoit de vieilles carcasses de lits. Ainsi qu’un établissement plus moderne, hôtel n’ayant eu certainement qu’un court moment de gloire, dont les vitres sales laissent voir un intérieur dévasté. Sur ses flancs, une fenêtre est brisée à hauteur d’homme et un rideau aux jolis motifs années 70 flotte au vent.



Notre logement proposé par notre séjour insolite Smartbox est quant à lui encore debout, correct mais aussi très bruyant. Et je ne comprendrai certainement jamais en quoi il était insolite. Le lieu en général? La déco partant dans tous les sens? Le fait que notre chambre surplombe, non pas la piscine, mais une cour d'école? 😱


Le lendemain, sachant que nous avons encore de la route et Sienne à visiter, nous ferons l’impasse sur Montecatini Alto, une bourgade en hauteur que l’on rejoint par le plus vieux funiculaire au monde encore en fonction. Cela en valait certainement la peine.

Mais las, nous quittons cette ville étonnante au charme déchu avec plein de questions ouvertes et nous apprêtons à replonger au Moyen-Age.




Sources (troubles):



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