Lorsque Charlotte et moi partons en piste, on ne peut jamais tabler sur notre heure de retour et cette fois-ci, en voulant nous prendre pour des chamois, on a fait très fort.
Notre randonnée commence cependant en douceur alors que nous montons au-dessus du village d'Arosio, dans ce haut Malcantone où l'herbe est encore verte.
Nous rejoignons un sentier agréable parmi les hêtres, les chênes et les bouleaux qui va nous mener aux Monti di Torricella. Une partie des photos date de ce printemps, la lumière de ce jour d'août n'étant pas adéquate.
La forêt s'ouvre sur un petit alpage où nous ne croiserons que deux poneys qui s'en tapent. Les rustici sont fermés et bien entretenus. Tip, top, propre en ordre, même, pour certains.
Nous quittons l'alpage en descendant un moment le long de la route, pour mieux remonter ensuite en effectuant des lacets dans une forêt de hêtres. Nous sommes en face du Monte Tamaro. Nous arrivons en haut de cette grimpette et la vue se dégage maintenant sur l'autre versant, côté Monte Lema. Une petite pause pique-nique à côté de deux vététistes, dont un semble télétravailler en hurlant pour toute la vallée dans son portable, et nous voilà reparties pour une ultime montée (croyons-nous) jusqu'à ce mamelon et cette petite protubérance que l'on aperçoit sur ma dernière photo ci-dessous.
D'ici, nous ne sommes qu'à quelques minutes du Monte Ferrara et de son kern géant. Mais il va falloir le mériter encore un peu et tirer la gueule en arrivant en haut et en constatant que l'on n'est pas seules. Enfin, surtout moi. Je suis insupportable, pour ça (pour plein d'autres choses aussi mais là n'est pas le sujet) Charlotte peut le confirmer. Déjà, avoir des pingouins en short étalés au sommet, c'est pas génial pour les photos. Et puis, si en plus ça explique le paysage en dialecte saint-gallois, là je me ferme illico. Et la montagne, pour moi, je, personnellement, s'il y a plus de deux personnes en comptant celle qui m'accompagne, ça n'est plus la montagne. Alors je ne sais pas s'ils ont compris à ma tête qu'il fallait laisser la place, mais ils ont levé le camp et j'ai pu me détendre. J'ai adoré cet endroit, où l'on peut longer du regard les crêtes du Lema au Tamaro, et plonger sur le Ceresio et Lugano, dont la vallée d'ici nous semble moins moche. Ci-dessous, mes 101 prises de vue du Monte Ferraro et de son tas de cailloux une fois que les Zücchit ont mis les bouts.
Alors que nous nous sommes rempli les mirettes, nous redescendons par où nous sommes venues, puis dans un croisement nous décidons de partir à gauche, même s'il n'y a pas d'indication. Selon ma lecture de carte, on arriverait ainsi à couper un peu la boucle. Même si le sentier n'est pas très clair sur mon écran, la piste semble assez évidente et l'on voit des signes peints en bleu sur certains cailloux. Nous descendons. Et en prenons plein les genoux.
Je ne sais pas s'il vous est déjà arrivé en vous promenant de dévaler une côte en vous disant: "Mon pauvre ami de Morges, j'aimerais pas devoir remonter ça!" et puis de devoir le faire en vrai.
Car au bout d'un moment, les coeurs sur les arbres se font rares, le tracé devient moins évident, la forêt se densifie, se dote de rochers et de falaises. Par là peut-être? Ou alors par là? Et ces signes, sur les arbres, en fin de compte, c'est pas parce qu'ils doivent les couper?
Dans la presse locale, ces derniers temps, on n'arrête pas de nous relater des sauvetages de gens qui se sont perdus en montagne ou sont tombés dans des endroits improbables. Certains n'en sont pas revenus très vivants. Hardis petits, empoignons nos bâtons, Charlotte, et revenons sur nos pas pour ne pas faire les manchettes des prochains jours.
Et là, des photos, il n'y en a plus. C'était pas mon bout préféré.
Il fait chaud, nous côtons jusqu'au croisement où nous n'aurions pas dû nous égarer et revenons encore sur nos pas jusqu'à l'endroit où nous avons pique-niqué. D'ici, nous entreprenons une descente moins sportive sur un sentier balisé en forêt. Un tronçon qui nous semble interminable après ce que nous avons dans les pattes.
À notre arrivée à Arosio, nous avons un peu la posture des sculptures sur LA maison du village. Qu'importe, si l'on fait abstraction de notre petit intermède, sachant que la randonnée de base fait déjà 15 kilomètres avec plus de 800 mètres de dénivelé, c'était une journée magnifique.
Au lit!
Données techniques:
Type: boucle, avec un crochet pour aller sur le mont
Kilomètres: 15
Dénivelé: 820
Temps: 4h45
Parking: près de l'église à Arosio.
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