top of page
Photo du rédacteurKarin

Castiglione Olona

Ce n’est pas la première fois que je déambule dans cette bourgade et mes photos sont d’époques différentes. D’un très grand intérêt historique, architectural et artistique, Castiglione Olona est considérée comme la petite Toscane de Lombardie. 



Sur le papier. 

Ensuite, une fois de plus, d’après le nombre de maisons en ruines, à vendre et de devantures poussiéreuses, on peut se demander si la volonté de fin du siècle dernier de faire renaitre ce village méconnu a vraiment rencontré son public. À moins de 10 kilomètres de Varese, le lieu n’est pas forcément simple d’accès et les GPS situent le centre du bled sur la route principale, entre la station service et la supérette.

Il faudra donc chercher plus loin pour tomber sur le centre historique, le mieux étant de se garer près du château de Monteruzzo afin de profiter de la vue plongeante sur les toits et la majestueuse église collégiale. 



Les origines de la cité remonteraient aux Romains mais le premier groupe d’habitations apparaît en l’an mille lorsque vient s’y installer la noble famille Castiglioni. S’en suivirent plusieurs siècles d’instabilité et de querelles avec les autres puissantes dynasties de l’époque, témoins en sont les ruines des remparts et les portes d’entrée dans la vieille ville. Les affrontements vont se calmer en 1422 avec la construction de l’église collégiale sur les ruines de l’ancien château et le mécénat du Cardinal Branda Castiglioni. Désireux de faire de sa bourgade une sorte de citadelle idéale artistiquement innovante par rapport aux canons de la culture lombarde, il s’adressa aux plus grands peintres et architectes toscans. Ses descendants ont contribué à la conservation du patrimoine, jusqu’au dernier, le comte Lodovico qui dans les années 1970 a rassemblé un collectif d’artistes et a contribué à créer un syndicat d’initiative alors que les institutions locales ouvraient trois musées et promouvaient les événements culturels. 


La petite ville a également connu de belles années au cours du siècle dernier grâce à l’implantation d’un certain nombre d’industries dans la région, attirées par la rivière, la proximité avec Varese et Milan et le passage de l’ancienne ligne de train de la Valmorea. 


En descendant dans les ruelles, passée la porte Levante, on peut déjà voir les traces d’une ancienne opulence, avec des portes d’entrées monumentales et sculptées qui donnent sur des cours souvent mal entretenues. Les enseignes sont effacées, les façades ravagées. Sur la place Garibaldi, seuls subsistent un petit restaurant (très sympathique d’ailleurs) et l’échoppe d’un numismate qui doit certainement occuper sa retraite. Ici se dresse aussi l’ancien palais du Cardinal abritant maintenant le musée historique.



Construite au milieu du XVe siècle avec très certainement l’intervention d’un maitre toscan, l’église Villa, à quelques pas, se distingue par ses deux sculptures monumentales en grès à l’entrée représentant Saint Christophe et Saint Antoine. Son intérieur est sobre mais contient d’importantes oeuvres de la Renaissance dont des statues en terre cuite.




Continuant en direction de la collégiale, on dépasse la maison de commune, autrefois école de Chant et de Grammaire.  J'en profiterai pour placer ma collection de portes et fenêtres.



Aujourd’hui, en compagnie de ma tante, nous emprunterons depuis cette esplanade des escaliers un peu branlants pour descendre sur l’Olona et le petit groupe de maisons de l’ancien moulin. Parmi la végétation on distingue aussi les vestiges d’une usine désaffectée, ici une fabrique de papier, témoin non rare du désastre industriel dans la région. 



Nous rejoignons alors la Via Francisca del Lucomagno, un parcours emprunté surtout au XI et XIIe siècle, qui reliait le lac de Constance à Pavie.



Le chemin commence à Constance, traverse le Liechtenstein et les cantons de Thurgovie, de Saint-Gall, d''Appenzell, des Grisons et du Tessin. Il franchit les Alpes par le col du Lucomagno et entre en Italie à Ponte Tresa Lavena. Il traverse la Lombardie en passant par Varese, longe Milan puis, rythmé par les canaux, atteint Pavie où il rejoint la via Francigena et poursuit vers Rome. Emprunté surtout par les pèlerins qui du nord de l’Europe désiraient se rendre à Rome, l’itinéraire a également été parcouru par des commerçants et un certain nombre de personnages illustres dont des rois et des empereurs. 

Il y a quelques années, après la redécouverte du tracé italien, on a restauré la Via en y créant une ciclopedonale (piste cyclo-piétonne, ça se dit?) Dans cette région, elle longe la rivière Olona et emprunte l’ancien tracé du train de la Valmorea.



On retrouvera la Via et la voie ferrée un peu plus en aval dans le billet Archéologie industrielle


En une quarantaine de minutes de cheminement relativement monotone, on débouche soudain sur le monastère de Torba, en bord de route. Le lieu fait partie d’un vaste parc archéologique aujourd’hui classé au Patrimoine de l’UNESCO. Avant d’être monastère, il est né comme avant-poste militaire romain. Il en reste une tour et les ruines d’une muraille. Au cours du VIIIe siècle, des soeurs bénédictines y firent construire un monastère. Cette petite communauté de femmes est restée dans ces murs pendant environ sept siècles, laissant en héritage les fresques de la tour. Lorsqu’au XVe siècle les bénédictines ont quitté les murs, le complexe s’est transformé en ferme. L’église a servi d’entrepôts, les fresques ont été détruites ou recouvertes de chaux, par manque de connaissances et pour éloigner les épidémies. 

Dans un état de délabrement avancé, le site a été récupéré par la FAI (Fond italien pour le patrimoine) à la fin des années 1970.

Le travail effectué par la FAI est certainement important mais pour avoir visité d’autres lieux gérés par eux, j’ai trouvé leur prix d’entrée prohibitif pour voir 3 murs, le monastère depuis en haut et un petit film, certes bien fait. Et comme parfois j’ai l’impression de râler souvent, je suis allée voir ce qu’en pensaient les autres sur quelques plateformes et c’est pareil, ça me rassure. 

Si bien que ce jour de novembre, j’ai peut-être frustré ma tata (elle appréciera) en la décourageant d’aller visiter l’endroit et nous avons rebroussé chemin. Je me rattrape en lui livrant par ce biais mes quelques photos prises lors d’un précédent périple.



Il n’y a malheureusement pas de boucle à effectuer entre le monastère et Castiglione. Nous revenons donc sur nos pas et entrons à nouveau dans le bourg en longeant l'ancien mur d'enceinte et en empruntant cette fois-ci la porte Ponente. Pour nous changer de la leçon d'histoire, nous ferons une petite pause à la locanda.




Il est maintenant temps de monter jusqu’à la Collegiata. Construite au XVe avec les typiques briques rouges lombardes qui se retrouvent dans tout le bourg, agrémentée également de marbre blanc, elle renferme des fresques de grands peintres toscans. Voulue par le fameux Cardinal Branda Castiglioni, elle y accueille également son tombeau. 



Au bout d’un petit jardin intérieur que les sites officiels annoncent merveilleux mais qui peut laisser sur sa faim se trouve le baptistère. Recouvert sur tous ses pans de fresques retraçant la vie de Saint Jean Baptiste, le lieu est partiellement restauré mais l’ensemble est magnifique. Les peintures, très détaillées, sont faites pour être regardées de près mais des crétins ayant réussi à y graver la date de leur rencontre, il est maintenant protégé par des barrières. L’artiste a joué avec les perspectives et sur l’une des parois, le Jourdain prend des allures de paysages lombards. 



Après cette visite, nous traverserons à nouveau les rues presque désertes pour retrouver notre voiture vers le château de Monteruzzo. Qui lui est plus tardif. Construit au XVIe siècle comme résidence agricole, il doit son aspect à des travaux effectués aux siècles suivants le dotant de créneaux et de mâchicoulis bien qu'ils n'aient pas de réelles fonctions autres que décoratives. Il abrite aujourd'hui la bibliothèque communale ainsi que des espaces d'exposition. Bientôt, il se parera de sa crèche. 



Pour y être venue maintenant quatre fois, je peux jouer au jeu des 7 erreurs avec mes photos.


Via Cardinal Branda, août 2022, décembre 2023, novembre 2024



Un brocanteur, août 2022, novembre 2024

Le Solex n'est toujours pas vendu.


J’y retournerai une cinquième fois car je n’ai toujours pas pu visiter les deux musées principaux qui valent apparemment le coup d'oeil:



Plan de notre promenade bidouillé sur celui du site officiel


Sources:

Et les panneaux didactiques sur le lieu.

Comments


bottom of page