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Photo du rédacteurKarin

Cantine di Gandria

C'est une balade que nous n'avons certainement pas faite à la bonne période, ni à la bonne heure. D'une part parce qu'en ce début novembre, tout est désormais fermé. D'autre part parce que nous n'aurons pas une brique de soleil sur cette rive du Ceresio alors que la journée est magnifique.

À la haute saison, on peut combiner ce sentier avec des bateaux partant de Lugano et rejoignant les divers points d'intérêt. On évite ainsi d'aller garer sa voiture à Caprino, ce qui est déjà une aventure en soi vu l'étroitesse de la route. Le trajet en véhicule nous fait contourner l'enclave italienne de Campione pour monter en direction du Lanzo d'Intelvi, avant de redescendre sur ce petit village. Aujourd'hui rien n'y bouge, hormis un drapeau suédois et une famille saint-galloise qui plie bagages. Nous nous parquons à l'entrée du hameau, la route ne continue pas plus loin et tous les endroits que nous allons découvrir ne sont accessibles qu'en bateaux ou à pieds. D'ici nous avons une vue à couper le souffle sur le San Salvatore et la baie de Lugano, juste en face de nous.


Le sentier part en-dessous de l'église et nous amène assez rapidement au minuscule hameau de Cantine di Caprino. Le mot "cantine" désigne des caves utilisées pour la conservation du vin et des aliments. Aujourd'hui, certaines bâtisses ont une fonction obscure et tout indique qu'elles ne reprennent pas forcément vie à la belle saison. Dans l'unique ruelle déserte, nous découvrons de monumentales portes en bois à la fermeture ouvragée qui vont nous suivre tout au long de la promenade (enfin, c'est une manière de parler).


Contrairement à ce que l'on pourrait penser, le sentier est le plus souvent en hauteur en pleine forêt, et non en rive de lac. Il est relativement scabreux; à certains moments, on va monter et descendre des escaliers de pierre ou de bois bordés de barrières branlantes et traverser de multiples éboulements. D'ailleurs, il est fortement déconseillé de l'utiliser en périodes de pluies. Et on va même y croiser des chamois peu craintifs.



Le San Salvatore est maintenant derrière nous et en face, nous nous éloignons également de Lugano pour nous reposer un peu les yeux. Au risque de ne pas me faire des copains, j'ai toujours trouvé que cette ville était, à quelques exceptions près, une horreur architecturale et une catastrophe quant à la préservation du paysage alentours. Ce n'est pas depuis l'endroit où je me trouve que je vais changer d'avis. En arrière plan, par contre, on peut admirer toute la crête, du Tamaro au Monte Lema et découvrir les premiers sommets enneigés.


La montagne se retire soudain pour laisser place à un cirque et un lieu étonnant, l'ex-cava Ronchetti, une très vieille carrière dont on extrayait les pierres pour construire notamment les bâtiments luganais (ceux qui sont beaux et n'ont pas encore été détruits 😂 ) Il n'en reste aujourd'hui qu'une apparente volonté de réhabilitation artistique, maintenant recouverte par de jeunes arbres, et quelques graffitis déjà délavés.


Peu après, nous arrivons à l'isolé Grotto dei Pescatori, qui ne rouvrira qu'en mai 2023. Un grotto est à la base une ancienne cave ouverte à la classe populaire où l'on peut se restaurer d'un menu simple et local, le plus souvent installé à l'extérieur sur un banc de pierre. Très prisés par les touristes, les grotti se sont curieusement développés à la fin du XXème siècle dans des versions qui n'ont plus rien à voir avec l'idée originale. Celui-ci cependant en est un vrai. Pendant des décennies, il a été le point de référence des lacustres du Ceresio. Dans les années 1950 et 1960, peu de touristes le connaissaient et l'accès était plutôt difficile pour ceux qui ne possédaient pas de bateau. Ensuite, la perte des caractéristiques du Grotto et la désaffection conséquente des clients tessinois ont conduit le restaurant vers un lent déclin jusqu'en 2014, lorsqu'un groupe de passionnés du lac de Lugano en a repris la gestion.


Continuant à déambuler sur ce sentier mystérieux, nous dépasserons encore quelques bâtisses entremêlées de ruines et d'autres cantine isolées avant d'atteindre le bout du parcours.


Les bâtiments de Cantine di Gandria ont été construits à une époque où le village de Gandria existait déjà sur la rive oposée du lac. Ils servaient d'espaces de stockage pour la nourriture et les boissons, comme le vin, la grappa, la charcuterie, le fromage, le poisson et les légumes. Les caves témoignent de connaissances séculaires dans l'agriculture biologique, la thermodynamique et l'économie paysanne. Elles sont rapidement devenues des espaces frais où passer les moments d'été. En effet, aux étages supérieurs des caves ont été construits des chambres, des salons, certains avec des cheminées et parfois même des greniers. Au XVIIe siècle, ces bâtiments furent un précieux refuge contre la peste qui s'était abattue sur Gandria.

À l'entrée du paesino, on traverse un minuscule camping fait de cabanons de jardin et de terrains privés donnant sur le lac.

Au bout du hameau se trouve le musée suisse des douanes, fermé, mais dont les jardins sont accessibles. D'ici nous n'irons pas plus loin, nous sommes à deux pas de la frontière italienne mais le sentier ne continue pas. À noter que s'il est ouvert, ce musée doit être intéressant car il traite également de toute l'histoire de la contrebande.


Il ne nous reste plus qu'à revenir sur nos pas, toujours à l'ombre alors que le vent se met à faire frémir le lac.



Données techniques:

Parcours linéaire.

Environ 3h aller et retour.

8,5 km.

Contrairement à ce qui est indiqué sur le site de Ticino Turismo, je ne trouve pas ce parcours facile. Si on le fait avec des enfants, mieux vaut ne pas trop y tenir. 😅



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