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Bords de lac

Photo du rédacteur: KarinKarin

Nos pas (ou plutôt kilomètres en voiture…) de ce jour de la Saint-Joseph nous mènent aux portes de Sesto Calende, ville en bout de lac Majeur et au bord du fleuve Ticino. Même si je suis très attirée par son nom exotique, je n’ai jamais visité cette bourgade mais j’en ai quelques a priori après l’avoir traversée en véhicule. Ou pire, après avoir franchi son pont en fer qui enjambe le Ticino pour nous envoyer au Piémont. En se demandant justement s’il y aura un après. Question photo, j’ai l’impression que ça ne peut être calende que vu d’en face. Et encore.



Bref, ça tombe bien, nous sommes à Sesto Calende sans y être, dans le hameau de Sant'Anna. Nous garons notre char sur un grand parking désert, détrempé et pas franchement entretenu et entrons assez vite dans le vif du sujet par la grande porte surmontée d’un aigle.



Ce site est ce qu’il reste d’une importante base d’hydravions fondée en 1915 à l’époque où Sesto Calende allait devenir le centre du développement aéronautique italien, voire mondial. Mais oui. 

En partant d’ici, Umberto Maddalena a effectué en 1920 le record du plus long vol en hydravion en se rendant à Helsinki. En 1925, un pilote et un ingénieur battaient un nouveau record en volant pendant 370 heures, reliant Sesto Calende à Melbourne, Tokyo puis Rome. 

Pendant la Deuxième Guerre mondiale, la base a également servi de zone test pour les véhicules d’assaut et les lances-torpilles produits dans les usines voisines Marchetti, propriétaires du lieu.

À la fin de la guerre, la base a été transformée en résidences pour le personnel miliaire, avec ou sans famille, qui travaillait dans les usines ou à l’aéroport de Malpensa. Abandonné dans les années 1960, l'endroit est tombé dans l’oubli avant d’être nettoyé et ouvert au public. Le parc Europa a été inauguré en 2002. Avant cela, il a fallu également désamorcer les bombes qui n’avaient pas explosé et niveler les cratères. Pourtant, on en voit encore. Alors soit ils se sont reformés, soit il restait des bombes... 




Avec ou sans Kiss Kiss Gossip Girl?


L’un des entrepôts a été restauré mais de façon plutôt moche. Il abrite une salle polyvalente et un local de location de kayaks. On sera accueilli par un bunker qui ressemble un peu à une baleine échouée. 



Le château d’eau est mangé par les lianes et le deuxième entrepôt n’est bientôt plus récupérable. Sans parler de la maison des officiers qui aurait dû être restaurée pour accueillir un petit musée.



Depuis l’entrepôt on devine des bouts de rails qui servaient à tracter les hydravions sur la jetée avant de les mettre à l’eau à l’aide d’une grue. Ou inversement lors de l’amerrissage. 

De la jetée, qui semble vouloir traverser cette zone plus étroite du bout du lac, il reste un corps en voie de décomposition qui malgré son béton éclaté garde un côté poétique et sert d'abri aux colverts. D'ailleurs la zone est protégée et une partie du parc, dans la forêt, est inaccessible.



Sur l’autre rive du lac Majeur se dresse le Mont Rose et nous quittons cet étrange et paisible parc pour nous rendre non loin dans le village de Taino. Qui lui aussi a un beau parc et une vue imprenable sur les Alpes et le château d'Angera.

Le Parc conçu entre 1981 et 1991 par Giò Pomodoro abrite quelques sculptures dont une qui peut prêter à confusion si on l'approche d'un certain angle.



Au centre trône la Place des Quatre Points Cardinaux, installation de Pomodoro. En plus d’être un cadran solaire, la sculpture célèbre le solstice d’été. En effet, le 21 juin, la fissure de marbre noir du haut du pilier central est traversée par les rayons du soleil qui projettent la lumière sur le piler couché. Les jeux d’ombres indiquent également le solstice d’hiver et les équinoxes de printemps et d’automne. 



Sinon, le village fait un peu peine à voir avec des échoppes fermées, des photos d’un temps révolu affichées dans ses rues désertes et une vieille locomotive à vapeur... dans la cour de l'école. À mon avis, même les lettres à la Hollywood au-dessus du cimetière n’y changeront rien. 



Nous nous rendons maintenant à Angera et plus spécialement à l’Oasi di Bruschera, une zone humide et protégée qui s’étend sur 164 hectares en face de la ville lacustre et de son château. Et en ce jour de mi-mars où la nature explose, les arbres encore nus nous laissent entrevoir de superbes échappées sur la Rocca.




Si l’architecte a voulu rivaliser avec le château, à mon avis c’est raté. 


Cette petite boucle dans le marais est très apaisante. Nous y croiserons plein d’oiseaux, dont une grande aigrette, un cormoran et un héron. Et puis des colonies de tortues qui je l’imagine ont commencé leur longue vie dans une animalerie. À certains endroits, on s’attendrait presque à voir ramper des alligators. 



Arrivés en face de la ville d'Arona et à la hauteur d'une cabane d'observation, nous quittons les bords du lac pour fermer notre boucle en passant derrière une station d'épuration. Ici le trajet est un peu moins beau mais nous n'avons pas d'odeurs, chose qui d'après ce que j'ai lu peut arriver assez souvent. J'éviterais également de m'y rendre en été sans un bon répulsif à moustiques.



Le château d'Angera est non seulement beau depuis le marais mais également dans son enceinte et ses murs, qui se visitent, avec en sus le musée du Jouet. Je finirai donc ce billet avec une de mes 27 prises de vue (du château) et un lien sur un billet le concernant.




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