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Photo du rédacteurKarin

Angera, Arona et les Borromeo

En ce mercredi, notre journée d’escapade est prévue dans l’extrémité méridionale du lac Majeur, à Angera pour en visiter sa Rocca, soit son château. Malheureusement, nous ne sommes pas les seuls en course d’école. Des enfants de tous âges s’éparpillent un peu partout et c’est à celui qui criera le plus fort, entre les instits, les animateurs et les gamins. Les plus petits sont déguisés en paysans du Moyen-Age et appellent la sorcière qui finit par arriver en baskets. Des plus grands courent de salle en salle occupés à une chasse au trésor et nous en demandent les réponses. Au détour d’un couloir, j’aide un lapin géant à baisser la fermeture éclair de son costume. Attention, voici une horde de pré-ados. Eux, ils visitent le musée le nez collés à leur smartphone, soit pour tout filmer en story, soit pour faire totalement autre chose. Moralité: j’aurais peut-être préféré que les cars dans le parking aient été remplis de Chinois. Plus occupés à fuir les vagues tressautantes dans les labyrinthes du château, nous avons manqué des salles et la tour.

À l’origine propriété de l’archidiocèse de Milan, la forteresse comprend une série de bâtiments érigés à différentes époques, entre le XIe et le XVIIe siècle. Depuis le XVe, elle est, et aujourd’hui encore, la propriété des Borromée, une importante famille de noblesse milanaise. Si ceux-ci sont connus pour avoir acquis à la même époque les îles Madre et Bella qui portent aussi leur nom, dans l’histoire plus contemporaine, Pierre Casighari, fils de Caroline de Monaco, a épousé en 2015 une des dernières descendantes Borromée. Comme je n’ai pas lu Gala depuis longtemps, je ne sais pas s’ils sont toujours ensemble.

Dès que l’on a passé le mur d’enceinte, on a une très belle vue sur le lac et les toits d’Angera. Le château est bien entretenu, imposant, on en aura encore un meilleur coup d’oeil depuis le petit jardin médiéval. Celui-ci a été réalisé après d’importantes études et sur la base de manuscrits d’époque, afin d’y faire côtoyer plantes médicinales et ornementales.



Les salles sont également très bien conservées, avec de magnifiques fresques, des cheminées monumentales et de beaux bouquets de fleurs séchées.



Une partie du château abrite le musée de la poupée et du jouet, le plus grand d’Europe, fondé en 1988 par une princesse Borromée et qui expose plus de mille poupées datées du XVIIe siècle à nos jours.


Redescendus de la roche, nous ferons quelques pas sur les quais et dans les rues d’Angera sans être plus épatés que cela. Quelques canards bizarres, des oies et leurs oisillons à la place des cygnes, et la ville d’Arona qui nous fait de l’oeil sur l'autre rive. Si bien que nous allons contrer notre GPS qui veut absolument nous faire traverser le lac en voiture, descendre sur Sesto Calende et camber le fleuve Ticino sur un pont en ferraille branlant. Mais il est en travaux, alors ça va.



Depuis les quais d’Arona, la vue sur la roche et son château juste en face est vraiment impressionnante. Il y a plein de petits troquets et la circulation est réglementée si bien que l’endroit est plaisant. On fera quelques pas dans les ruelles, on visitera une église mais on n’ira pas jusqu’au parc de la Rocca Borromeo. Encore? Et ben oui, c’était le château jumeau de l’autre mais de celui-ci, il ne reste que des ruines car il fut détruit au XIXe siècle par Napoléon.


Par contre, nous reprenons notre voiture pour aller un peu sur les hauts de la ville, voir le colosse de San Carlo que l'on avait repéré depuis la Rocca. Figurez-vous que c’est un Borromée. Cardinal, il fut canonisé et en 1698 on finit de lui ériger sa sculpture en cuivre et en fer de 35 mètres de haut. Elle fut longtemps l'installation la plus haute du monde avant que Bartholdi ne vienne séjourner à Arona pour en étudier la structure et concevoir la Statue de la Liberté qui lui a alors volé son record.

Pour célébrer la grandeur du saint, il était également prévu la construction d’un Sacro Monte, avec ses quinze chapelles et un chemin qui partirait depuis le lac pour finir au pied du colosse. Le projet ne s’est jamais terminé, à cause de guerres répétées et des carences qui s’en suivirent. Il ne subsiste que trois chapelles incomplètes et en mauvais état ainsi que l’église qui abrite la chaise à porteur de Carlo et son masque funéraire. Chouette!

Quant à la statue, on peut monter sur son piédestal et également grimper dans son corps et l’on peut admirer la vue sur le lac depuis les trous des yeux, des narines et des oreilles. Moyennant finances, 10 Euros par tête de pipe. Comme on est un peu près de nos sous et qu’on a encore de la route à faire pour rentrer, on a fait l’impasse sur le colosse.



Références:


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